Le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné ce mercredi deux frères jumeaux pour avoir abattu mi-août un olivier à Épinay-sur-Seine (93) planté en mémoire d’Ilan Halimi. L’un écope de huit mois de prison ferme, l’autre de huit mois de prison avec sursis.
Brahim K., cheveux courts bouclés, vêtu d’une polaire grise, et Ismaël K., cheveux rasés, veste de sport noire sur le dos, n’ont quasiment pas parlé pendant l’audience. « Non, je ne sais pas qui il est », ont répondu en arabe les deux frères quand la présidente du tribunal les a interrogés sur Ilan Halimi. Dans le téléphone d’Ismaël K., une vidéo de son frère jouant avec une tronçonneuse à proximité de la stèle et de l’arbre en mémoire d’Ilan Halimi, avait été retrouvée trois jours avant l’abattage. « Pourquoi avez-vous filmé votre frère ? D’où venait la tronçonneuse ? », a demandé la présidente avec insistance. « C’était à un jardinier. Il voulait qu’on vérifie qu’elle fonctionnait », a répondu depuis le box et avec beaucoup de difficulté l’un des prévenus.Les deux frères avaient été interpellés quelques jours après les faits. Les enquêteurs avaient découvert que leurs téléphones bornaient dans le parc la nuit des faits. Leur ADN avait également été prélevé sur des morceaux de pastèque retrouvés le 14 août autour du tronc coupé, fruit qui symbolise la résistance du peuple palestinien face à Israël.
« Ce qui s’est passé dans le parc de cette petite ville de région parisienne, c’est un attentat contre la mort, un assassinat post-mortem. C’est lourd de symbolique, cette volonté de gommer jusqu’à la mort au-delà de la mort », a dénoncé Me Alain Jakubowicz, qui plaidait pour la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), SOS Racisme et l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). De leur côté, les avocats de la défense ont dénoncé, durant leurs plaidoiries, un dossier fragile à l’encontre de leurs clients « qui n’avaient qu’un an quand Ilan Halimi est mort ». « Ils savent comme tout le monde ce qui se passe à Gaza, mais leur affaire ce n’est pas le conflit en cours, c’est de manger, trouver où dormir et recharger leur téléphone », a assuré Me Romain Ruiz.Citoyen français de confession juive, Ilan Halimi, 23 ans, avait été séquestré et torturé en janvier 2006 à Bagneux (Hauts-de-Seine) par un groupe d’une vingtaine de personnes qui se faisait appeler le « gang des barbares », sous la direction de . Découvert agonisant au bord d’une voie ferrée à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne, le jeune homme était mort pendant son transfert à l’hôpital un peu moins d’un mois plus tard.D’autres arbres plantés en hommage à Ilan Halimi, dont l’un portait sa photo, ont été sciés en 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois. Plus récemment, début octobre, un olivier planté à Menton (Alpes-Maritimes) en août a été arraché.

