Impressionnant, imposant, mais également dévasté : à Monfort, le château tient encore debout, mais pour combien de temps encore ? En mars 2023, La Dépêche du Midi avait poussé les portes d’Esclignac, immense bâtisse ayant appartenu aux frères Bogdanoff. L’atmosphère y est pesante, chargée d’histoire. De pièce en pièce, il faut parfois enjamber la charpente, à nos pieds… Par endroits, le toit s’est effondré. Impossible de s’aventurer plus loin pour visiter les innombrables pièces occupées durant un temps par Igor et Grichka. L’exercice est périlleux, voire dangereux.

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Du XIe siècle jusqu’au rachat des lieux à la fin des années 80 par les défunts frères Bogdanoff, Esclignac est passé par d’innombrables propriétaires avant d’être hérité par des membres de la famille. « Aujourd’hui, on ne compte pas vendre », confiait il y a deux ans le demi-frère des jumeaux, François Davant, qui occupe toujours les lieux.

Cette affirmation resterait d’actualité, 38 ans après l’achat des lieux pour environ 300 000 euros. Quatre décennies plus tard, les lieux sont aux mains des héritiers. Seulement, tout est à refaire. « Tous les Monfortois sont tristes de voir le château dans cet état. Il faut tellement d’argent maintenant, mais je ne sais pas comment ça va se passer », déclare le maire de Monfort, Régis Lagardère.

Une facture à huit chiffres pour réhabiliter

Depuis le ciel, difficile de ne pas voir l’intérieur du château au travers d’un trou béant dans la toiture. Récemment, une autre partie de la toiture s’est effondrée. L’eau s’infiltre, le bois pourrit et la végétation grandit. Les annexes ne sont pas épargnées. En bref, il ne reste que les murs pour faire tenir le tout. Et s’il fallait imaginer les lieux réhabiliter, la note risque d’être salée.

Pas moins de 10 millions d’euros, si ce n’est plus, seraient nécessaires, dont 2 millions pour la mise hors d’eau et quelques travaux sur le toit. Une somme colossale. « La seule solution serait de le vendre tant qu’il est encore temps », souffle Régis Lagardère. En 2023, une mise sous tutelle du château avait été évoquée du côté des propriétaires.

« La contrepartie pour cela serait que l’État prenne en charge tout ou en partie les travaux nécessaires à sa conservation », avait indiqué à La Dépêche du Midi l’avocat de la fille d’Igor Bogdanoff, Sasha, Me Emmanuel Ludot. Un projet de Fondation avait d’ailleurs été dévoilé avec la création d’un pôle culturel, scientifique, artistique et littéraire en la mémoire des jumeaux.

Plus d’un an après, aucune nouvelle n’est tombée. Esclignac s’effrite, au grand désarroi des Monfortois. Selon certaines indiscrétions, la famille Bogdanoff aurait fait une escale dans le Gers il y a quelques jours avant de jeter un œil au château. Mais peu d’éléments laissent entrevoir leurs intentions.

Côté mairie, une réunion devrait bientôt se tenir avec la sous-préfecture de Condom ainsi que le service d’incendie et de secours du Gers. La question de l’arrêté de péril imminent devrait se poser selon la municipalité. Mais les espoirs de réhabilitation sont faibles pour Régis Lagardère.

Le mal est fait et « il aurait fallu faire quelque chose dès le début. Un arrêté, ça ne changerait pas grand-chose à part mettre en demeure les propriétaires pour réaliser des travaux. Mais pour ça il faut de l’argent, ça reste le nerf de la guerre », conclut le maire monfortois.