Jumeaux Dratwicki : frères de son

Depuis Basse-Ham où ils ont grandi, les jumeaux Benoît et Alexandre Dratwicki ont suivi une voie commune : la musique. L’un est parti travailler à Versailles, l’autre à Venise. Parfois, ils se retrouvent autour du piano, dans la maison familiale, pour décrypter les partitions qu’ils ont envoyées depuis leurs repaires musicaux. Les deux forts caractères s’harmonisent alors, autant qu’ils dissonent.

Trois fois par an. C’est à ce rythme précieux que la route des jumeaux Dratwicki, aujourd’hui âgés de 36 ans, se croise. Pile à l’endroit où ils ont grandi et d’où ils se sont envolés pour écrire leur vie dans la musique. Basse- Ham, la maison familiale, le piano de leur mère et les partitions qu’ils ont expédiées tout au long de l’année. En juillet, la gare de Metz était l’endroit où l’on pouvait rencontrer les deux énergumènes avant que leurs chemins ne se séparent à nouveau. Écouter ces deux passionnés se raconter, chacun et l’un l’autre, les écouter se répondre du tac au tac, compléter les propos du premier ou les contredire, un sport extrême. Ils viennent de passer une semaine complète ensemble, se penchant sur le piano six heures par jour. Ils se sont emballés, se sont excédés, et ne sont pas mécontents de reprendre leurs airs personnels. Alexandre et Benoît ont un caractère fort, et leur relation est fondée sur une surenchère permanente. Ils vont retrouver leurs univers musicaux distincts, qui se rejoignent parfois. Leur univers tourne autour d’un même principe : le travail sur le patrimoine musical oublié.

Défricheurs

Alexandre prend la parole : « Benoît travaille au centre de musique baroque de Versailles, où il se penche sur la musique française de 1600 à 1800. Savez-vous que l’on ne joue que 5 à 10% des œuvres composées, quelle que soit la période ? », interroge-t-il. Sans offrir la possibilité de répondre, Benoît embraye : « Alexandre travaille au Palazzetto Bru Zane, à Venise. Il étudie la musique romantique française, entre la Révolution et la Première Guerre mondiale. » C’est donc dans les bibliothèques que les deux défricheurs de talents anciens se penchent sur les partitions, pour tenter d’en faire émerger des pépites. Un travail minutieux, qui implique d’éditer des copies manuscrites, de diffuser puis de faire connaître ce travail aux interprètes. Compliqué, souvent, de convaincre ces derniers de choisir des pièces méconnues. Une histoire de rentabilité, d’ego aussi. « Notre travail consiste à détecter les meilleures œuvres, mais aussi les meilleurs interprètes, la meilleure salle, le meilleur public, détaille Benoît. Notre objectif est de prendre le moins de risques possibles. » « Mais on en prend quand même ! », ponctue Alexandre.

Trait d’union

Pour cela, ils jouent les partitions « réduites pour piano » : à toutes les époques, et surtout la période romantique, les œuvres étaient transcrites pour le piano, où les parties chantées étaient notamment intégrées en mélodie. « Très utiles pour se faire une première idée d’une œuvre, avant d’aller lire les 600 à 800 pages de la partition totale », explique Alexandre. « Nous jouons à quatre mains. En général, nous sommes d’accord. Parfois, on s’écharpe », prévient Benoît. À chaque nouvelle partition à ouvrir, une négociation serrée s’ouvre entre les deux frères. Entre les périodes d’étude de Benoît et d’Alexandre existe une brève période, sorte de no man’s land incarnée par la musique classique d’Haydn, Beethoven et Mozart.
Une période courte mais intense, qui forme aussi le trait d’union entre les univers des frères de son. « Nos deux instituts travaillent ensemble sur cette période, une période riche mais mal connue : parce que les effectifs étaient importants, parce que c’est à cette époque que naît la virtuosité, la vitesse, qui sont aujourd’hui mal comprises et mal exécutées », décryptent les jumeaux de concert. C’est une œuvre de cette période : « Les Danaïdes » de Salieri, qui réunira bientôt les frères Dratwicki pour la tournée qu’ils organisent à la rentrée à Versailles, Metz (le 29 novembre 2013 à l’Arsenal), et Vienne.

Parler plutôt que jouer

Après 12 ans à Versailles pour Benoît et 7 à Venise pour Alexandre, la fusion propre aux jumeaux s’est largement estompée. Comment se passe leur vie personnelle ? « Nous sommes toujours sur les routes, il faut bien être un peu autocentrés », lance Alexandre sur qui Benoît enchaîne : « Comme tous les jumeaux, nous n’avons pas la souffrance de la solitude. » « Au contraire, elle est précieuse », poursuit Alexandre. « Nous n’avons pas besoin de nous voir tout le temps, parce que nous savons que l’autre est là », conclut Benoît. Entre leurs interventions, pas un temps mort. « Oui, nous sommes pratiquement diagnostiqués hyperactifs », dit l’un, ou l’autre. C’est pareil finalement. S’ils se titillent sans arrêt, ils partagent une philosophie de vie : « Les choses qui nous palpitent, ce n’est pas d’acheter une maison ou d’avoir des enfants. Ce n’est pas de partir en vacances. Ce qui est un but pour la plupart n’est qu’un moyen pour nous », philosophe Benoît, recréant avec son frère un monde bien à eux, loin de celui dans lequel ils ont grandi. « Notre père est heureux de tout, tout le temps », illustre-t-il. Nés à Thionville d’une mère prof et d’un père ouvrier, rien ne les prédisposait à mener la vie qu’ils ont aujourd’hui. Dans la même classe en primaire, puis au collège Saint-Pierre Chanel à Thionville et au lycée Fabert à Metz, ils ont commencé la musique « tard », disent-ils : 15 ans. Au conservatoire de Metz, Benoît opte pour le violoncelle et le basson, Alexandre pour la clarinette et l’alto. Ils passent ensuite une maîtrise en histoire de la musique à Paris. Là, ils réalisent qu’ils veulent travailler dans la musique, mais pas devenir musiciens. « Nous sommes plutôt faits pour écrire et parler que jouer », explique Alexandre. C’est sûr que pour jouer, ils devraient se taire… « Lorsque nous nous sommes spécialisés, nous n’avons pas mesuré que nos sujets nous guideraient sur des chemins différents », analyse aujourd’hui Alexandre. L’un envie-t-il l’autre ? « Jamais ! », s’exprime Alexandre. « Tout de même, nous venons de passer une semaine à faire de la musique romantique. Il s’en fiche de la musique baroque », boude presque Benoît. Ils en jouent probablement un peu, mais leur ping-pong verbal ne fait que rehausser la passion qui, bien que protéiforme, rassemble malgré eux les jumeaux de Basse-Ham. 

Cet article est paru le 8 août dans l’hebdomadaire La Semaine n°434 à Metz. Pour lire le journal dès sa parution, abonnez-vous

La chronique se veut générée de la façon la plus claire que possible. Dans le cas où vous souhaitez présenter des renseignements complémentaires à cet article sur le sujet « Frères jumeaux de l’Essonnes » il vous est possible d’écrire aux contacts indiqués sur notre website. La raison d’être de jumeaux91.fr étant de rassembler sur le web des posts sur le sujet de Frères jumeaux de l’Essonnes puis les diffuser en répondant au mieux aux interrogations des gens. Vous pouvez tirer profit de cet article traitant le sujet « Frères jumeaux de l’Essonnes ». Il est concocté par l’équipe jumeaux91.fr. Prochainement, nous rendrons accessibles au public d’autres informations pertinentes sur le sujet « Frères jumeaux de l’Essonnes ». Alors, consultez systématiquement notre blog.

We use cookies to personalise content and ads, to provide social media features and to analyse our traffic. We also share information about your use of our site with our social media, advertising and analytics partners. View more
Cookies settings
Accept
Privacy & Cookie policy
Privacy & Cookies policy
Cookie name Active
jumeaux91.fr Photo de la page Protection Données. Protection Donnees
Protection Donnees

Politique de confidentialité:

Maniement et communication de vos données secrètes:

Dans les cas où vous sollicitez une désactivation de votre password, votre adresse IP sera enfermée dans l’e-mail de réinitialisation.

Contenu chargé à partir de sites autres:

Les articles de ce site sont susceptibles d'insérer des informations emportées (par exemple des vidéos, fichiers, passages…). Le contenu emporté depuis d’autres sites se comporte de la même façon que si le visiteur se rendait sur cet autre site.Ces sites web ont la possibilité de réunir des datas à propos de vous, activer des cookies, mémoriser des programmes de suivis inconnus, traquer vos actions avec ces datas embarquées si vous détenez un compte interfacé sur leur site internet.

Quelle durée de mémorisation de vos données:

Quand vous renvoyez un commentaire, le texte et ses métadonnées sont conservés pour toujours. Ce process permet de discerner et souscrire mécaniquement les textes consécutifs plutôt que de les transmettre dans la file de modération.Si les espaces personnels qui surgissent sur le site (autant que faire ce peu), nous conservons également les datas privatives indiquées dans leur profil. La totalité des profils peuvent intervenir sur leurs informations personnelles n'importe quand. Les gestionnaires du site peuvent aussi voir et modifier ces données.

Médias:

Au cas où vous téléversez des fichiers sur ce site, nous vous conseillons de ne pas uploader des médias insérant des informations EXIF de coordonnées GPS. Les individus parcourant le site savent télécharger des données de détection à partir ces photographies.

RGPD friendly.

Textes :

Quand vous envoyez un texte sur ce site, les données exposées sur le formulaire électronique, mais aussi votre adresse IP et l’agent utilisateur de votre logiciel de navigation sont réunis dans le but de nous permettre de déceler des textes non souhaitables.

Transmission de vos données individuelles:

Tous les textes des invités peuvent être authentifiés au moyen d'un service mécanisé de localisation des textes insoutenables.

Sécurisation sur vos informations:

Dans les cas où vous disposez d'un espace personnel ou si vous avez écrit des textes sur le site, vous avez le droit de réclamer à héberger un dossier numérique comportant en totalité les datas individuelles que nous détenons à votre propos, renfermant celles que vous nous avez exposées. Vous avez la possibilité également de solliciter l'annulation des datas privées à votre propos. Cela ne concerne pas les datas stockées à des fins de gestion, légales ou afin de sécurité.

Cookies:

Si vous déposez un texte sur ce site, il vous sera proposé d’enregistrer votre nom, e-mail et site dans des cookies. Cela a pour but uniquement afin de votre expérience utilisateur dans le but de ne pas devoir à ressaisir ces datas dans l'éventualité où vous enregistrez un autre commentaire ultérieurement. Ces cookies expirent au bout d’un certain délai.Au cas où vous vous rendez sur la feuille de l'enregistrement, un cookie momentané va se produit avec pour objectif de diagnostiquer si votre programme de navigation autorise les cookies. Cette fonction ne cache pas de informations personnelles et sera annulé mécaniquement dès vous arrêterez votre terminal.Dans les cas où vous accédez, nous mettrons en place un certain nombre de cookies pour enregistrer vos informations de login et vos options de navigation. L'espérance d'existence d’un cookie de login est de moins de 3 jours, celle d’un cookie de navigation est de l'ordre de l'année. Si vous cochez « Se souvenir de moi », le cookie de connexion sera conservé pendant deux semaines. Au cas où vous engagez la déconnexion de votre espace personnel, le cookie de login sera radié.Si vous modifiez ou si vous diffusez un article, un cookie en complément sera établi dans votre browser. Ce cookie n'est constitué d'aucune data secrète. Il décrit simplement le numéro du post que vous avez décidé de corriger. Il s'efface au bout de 24 heures.

Save settings
Cookies settings