« C’est une hérésie! » Derrière le comptoir, la réponse de Pascale Subias fuse. Serveuse au restaurant Entre Frères, à La Martre, cette sexagénaire a vu les parcs solaires grignoter des pans entiers de forêt, à la lisière du Var et des Alpes-Maritimes. « C’est affreux! En principe, les coupes à blanc sont interdites. Remplacer les arbres par du plastique, ce n’est pas logique! Pourquoi fait-on ça? Il faut mettre ces panneaux sur des bâtiments… »
Nous voici d’emblée dans le vif du sujet. Le nom du hameau, Le Logis du Pin, annonçait la couleur.
C’est ici que Philippe Blanc, directeur de recherches à la prestigieuse école des Mines-Paris PSL, conduit ce jour-là seize étudiants venus de Sophia Antipolis. De jeunes ingénieurs, membres de la promo du Corps des mines ou d’un Master spécialisé en énergies renouvelables. Objectif: montrer la réalité photovoltaïque aux décideurs de demain.
« Ce qu’on voit, c’est ce qu’on craignait »
Cette réalité, les habitués du coin la connaissent bien. Pascale Subias s’est déjà approchée de ces panneaux solaires avec sa chienne. « Elle s’est mise à trembler comme une feuille! Sans doute ressentait-elle les ondes. Et puis, on sait très bien qu’avec ces parcs, on tue la terre en dessous. » Christophe Pettini, 36 ans, champignonneur venu de Nice, a vu son terrain de jeu se rétrécir. « Quand il n’y a plus d’arbres, ça se ressent sur la température ambiante et sur l’environnement. Ils font de l’écologie en enlevant de la nature: ce n’est pas très cohérent! »
Face aux étudiants, Philippe Blanc dresse un constat similaire: « Ce qu’on est en train de voir, c’est ce qu’on craignait. » Ce spécialiste de l’énergie solaire siégeait au conseil scientifique du parc naturel régional des Préalpes d’Azur. Il l’a quitté en 2022. En désaccord. Ce poumon vert de 80.000 hectares se voulait pionnier de la production d’énergies renouvelables. Mais pour cet expert, « c’est parti de travers… »
« Aucune reflexion globale »
Pour le constater, Philippe Blanc ramène ses étudiants en territoire azuréen, deux virages plus loin. À Valderoure, dans le haut pays grassois. C’est ici qu’un poste source, inauguré par RTE et Enedis à l’été 2022, collecte l’énergie des parcs photovoltaïques pour l’envoyer sur le réseau haute tension. Problème, pour Philippe Blanc: « Les centrales se développent au sol à la va-comme-je-te-pousse, sans aucune réflexion globale! Et le poste source qui était une opportunité est devenu une menace… »
Juste à côté, derrière les arbres, se cache le tout premier parc solaire des Alpes-Maritimes. Des jumeaux de 3 hectares chacun, inaugurés en 2011. « Un parc ancien, peu visible. Une centrale intéressante, de taille responsable », estime Philippe Blanc.
Photovoltaïque? Éolien? Le débat s’ouvre entre deux étudiants. Adam Issad, 25 ans, considère « le solaire comme la meilleure solution. Cette centrale n’est pas visible du grand public, et elle concilie la recherche d’autonomie avec la production d’énergie bas carbone. » Antoine El Hawa, 23 ans, plaide pour diversifier les sources d’énergie. « On peut avoir une meilleure efficacité avec l’éolien. Même si les gens trouvent que ce n’est pas très joli. Avec une éolienne de taille moyenne qui produit 4 MW, on aurait coupé beaucoup moins d’arbres… »
Montagne défigurée
Parlons-en, des arbres coupés. Cap sur Andon, secteur de bas-Thorenc, dix kilomètres plus loin. « L’exemple de ce qu’il ne faut pas faire », prévient Philippe Blanc.
Le site est grandiose. Mais les visiteurs écarquillent les yeux. Ils découvrent les parcs solaires qui habillent les flancs de la montagne. Des vagues bleutées disharmonieuses, qui défigurent la forêt. Il y en a 61 hectares, sur un terrain privé. « Et on n’en voit qu’une petite partie! », s’exclame Philippe Blanc.
Le chercheur argumente son réquisitoire. « Il y a eu du déboisement. Les panneaux sont très proches du sol et très rapprochés; sur une pente aussi abrupte, la biodiversité ne se développe pas. Ce parc est sur un terrain privé; la location ne bénéficie pas au territoire. Même en termes d’autoconsommation collective, il ne s’y retrouve pas! »
« Il faut savoir ce qu’on veut! »
Un 4x4s’arrête à la hauteur du groupe. C’est Jacques Varrone, 78 ans, le propriétaire du terrain en question. Il ne se démonte pas. Et assume ses choix.
« Ce parc crée des énergies renouvelables. Il faut savoir ce qu’on veut! Est-ce qu’on revient à la bougie?, lance l’ancien agriculteur et maire d’Auribeau-sur-Siagne. Il y a aussi des effets très positifs au plan environnemental. On a constaté un renouvellement des espèces. Des dizaines de milliers d’arbres sont plantés pour compenser. On pérennise une trentaine d’emplois agricoles. Et puis, certains trouvent ça beau… »
À ces mots, quelques étudiants s’esclaffent. Tels Aymeric Forget, 24 ans. « Il y a de la malhonnêteté dans l’air, sourit-il. L’impact visuel est quand même non négligeable! »
Andrea Michiorri, enseignant-chercheur aux Mines à Sophia, élargit le débat. « L’énergie renouvelable, c’est une grande chance pour les communes rurales. Cela permet d’augmenter leurs revenus, de créer des emplois et d’empêcher le dépeuplement. Mais il faut travailler sur l’intégration dans le paysage, c’est clair. Et je pense que c’est facile de le faire bien. »
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